Toute perte de vie humaine est dure à consommer, surtout quand la personne est mondialement connue. C’est pourquoi la communauté internationale, comme l’Onusisda, pleure la perte de Patrick Atangana Fouda, un activiste « exceptionnel » et une figure emblématique de la lutte contre le Vih.
Par Idrissa NIASSY
Militant infatigable et voix des personnes vivant avec le Vih, la perte de Patrick Atangana Fouda a choqué le monde entier. Activiste « exceptionnel » et une figure emblématique de la lutte contre le Vih, il a consacré toute sa vie à défendre les droits humains, à promouvoir l’accès aux soins et à briser le silence entourant cette maladie. Vivant lui-même avec le Vih depuis sa naissance, feu Patrick Atangana Fouda a su transformer sa réalité personnelle en un puissant moteur de changement. Il a courageusement partagé son histoire pour sensibiliser à l’importance de la prévention, de la prise en charge et, surtout, de la lutte contre la stigmatisation.
À travers son propre parcours, il a incarné l’espoir et la résilience, prouvant que vivre avec le Vih n’est pas une limite, mais une opportunité de redéfinir les perceptions et d’inspirer les autres. C’est pourquoi, il a reçu hier, à travers un communiqué qui nous est parvenu, l’hommage poignant de la Directrice régionale de l’Onusida pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mme Berthilde Gahongayiré. À travers son plaidoyer courageux et ses interventions percutantes, ce grand militant de la lutte contre le Vih a rappelé à tous «l’urgence d’agir» pour garantir un «accès équitable à la prévention», aux «traitements et aux droits humains pour les personnes vivant avec le Vih». Une anecdote marquante de sa vie témoignage de son esprit combatif et de sa volonté d’agir.
Lors d’une conférence internationale sur le Vih, Patrick avait pris la parole spontanément après un panel pour interpeller les décideurs. Avec une voix ferme et une passion palpable, il avait déclaré : «Je suis ici, vivant avec le Vih. Je ne suis pas seulement un chiffre dans vos rapports, je suis une personne avec des rêves, une famille, et une dignité. Faites plus que des promesses, agissez maintenant !».
Ses mots, empreints de sincérité et de force, avaient ému tous les participants, réaffirmant la nécessité de replacer les voix des personnes affectées au centre de nos stratégies et incitant plusieurs organisations présentes à renforcer leurs engagements pour les communautés les plus affectées. Ce héros de la lutte contre le Vih a mené un combat acharné pour défendre les droits et le bien-être des jeunes vivant avec le virus, particulièrement les enfants. «Il était profondément convaincu que chaque enfant, indépendamment de son statut sérologique, mérite tout comme lui, une vie pleine de possibilités et d’espoir », a fait valoir la Directrice régionale de l’Onusida en Afrique de l’Ouest et du Centre. «À travers ses initiatives, il a plaidé pour un accès équitable aux traitements pour les enfants vivant avec le Vih, dénonçant les inégalités criantes dans l’accès aux médicaments pédiatriques», ajoute-t-elle.
En outre, son travail auprès des jeunes, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest et du Centre, a inspiré toute une génération à se lever contre la stigmatisation et à exiger un avenir meilleur. «Avec l’appui de notre bureau, il a fondé le Réseau Afrique de l’Ouest et Afrique Central de d’adolescents et jeunes positifs (Raj+Aoc), la première organisation régionale francophone d’adolescents et jeunes vivant avec le Vih. Patrick croyait fermement que l’éducation, la sensibilisation et la solidarité sont des piliers essentiels pour mettre fin à la transmission du Vih et pour garantir des vies dignes et épanouies », a dit Mme Berthilde.
Son combat pour «le Sida pédiatrique» reste l’une des contributions les plus marquantes de son parcours. Il s’est battu sans relâche pour que les enfants vivant avec le Vih reçoivent des traitements adaptés, insistant sur le fait qu’aucun enfant ne devrait mourir à cause d’un manque de médicaments ou d’une prise en charge inadéquate.