VIH/SIDA : Une épidémie féminine au Sénégal
Malgré les avancées sur la prise charge du Vih/Sida au Sénégal, la maladie se féminise davantage. La prévalence du Vih chez les femmes âgées de 15 à 49 ans est de 0.34%, contre 0.25 % pour les hommes de cette même tranche d’âge.
Par Idrissa NIASSY
Selon Safiétou Thiam, Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (Cnls), au Sénégal il y a une féminisation de l’épidémie du fait que les femmes sont plus touchées par le Vih/Sida que les hommes.
« C’est une épidémie féminine. 22 807 femmes âgées de 15 à 49 ans sont touchée par cette maladie, contre 15 837 hommes de la même tranche d’âge », a-t-elle expliqué. Pour elle, la prévalence du Vih chez les femmes âgées de 15 à 49 ans est de 0.34 %, contre 0.25 % pour les hommes de cette même tranche d’âge. Elle s’exprimait hier lors de la cérémonie de lancement du « Gender Assessement », qui est une évaluation basée sur le Genre dans la riposte nationale au Vih/Sida.
Cette activité organisée par le Cnls avec l’appui de la cellule genre du ministère de la Santé et de la Direction de l’Équité et du Genre du ministère de la Famille et des Solidarités en collaboration avec l’Onu Sida, a commencé par un processus d’évaluation de la prise en compte du genre dans les politiques et programmes nationaux de lutte contre le sida.
« Cette activité est d’une importance capitale, parce que le sida est une maladie féminine au Sénégal, mais partout également dans le monde les femmes sont plus atteintes que les hommes », insiste-t-elle. Cela, dit-elle, est lié à beaucoup de facteurs, parmi lesquels exposent à des inégalités qui font que les femmes sont souvent vulnérables au Vih/Sida.
Il y a également l’accès aux services de Vih et aux services de santé de manière générale qui sont plus limités pour des raisons sociales, économiques, des raisons de pouvoir liés peut-être à notre culture qui limite l’accès des femmes ou également on voit le contraire dans nos services Vih.
D’après elle, il y a des services qui ne sont pas utilisés par les hommes dans ce pays. « C’est pourquoi, tous ces facteurs doivent être analysés pour voir qu’est-ce qui fait que les hommes par exemple, ne vont pas se dépister, qu’est-ce qui fait que les femmes sont prêtes à aller faire le dépistage pour la transmission mère-enfant et peuvent être limitées par leurs maris.
Tous ces aspects doivent être analysés pour pouvoir y répondre. C’est donc une étape essentielle pour améliorer la qualité de nos programmes et pour que personne ne soit laissée pour compte. Ce qui permettra de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes », a-t-elle fait valoir.
Concernant les stratégies à mettre en place pour réduire la discrimination, cette dernière de faire savoir qu’il y a une discrimination liée au genre qu’on peut aborder, en évitant que les personnes vivant avec le Vih, les personnes vulnérables au sida, les personnes clés de la lutte contre le sida ne soient plus victimes de discrimination et surtout de stigmatisation.
« Pour moi, c’est une méconnaissance de la maladie. Quand des personnes n’ont pas toutes les informations sur cette pathologie, elles peuvent penser pour se prémunir de la maladie, elles doivent peut-être discriminer certaines personnes », a-t-elle indiqué. C’est pourquoi, le Cnls compte améliorer la sensibilisation, en faisant en sorte que les
gens aient des connaissances et les réponses aux questions qui se posent sur le Vih/Sida.
Elle a fait part que le Vih est très faible au Sénégal et n’est pas très visible, ce qui fait qu’il est facile de reconnaître les comportements discriminatoires. «Travaillons avec les associations des Vih pour rendre cette maladie plus visible à travers leurs témoignages. Si on ne parvient pas à distinguer qui a le Vih et qui ne l’a pas, c’est parce qu’il y a beaucoup d’avancées dans la prise en charge», a-t-elle conclu.