Le cancérologue Cheikh Tidiane Diarra a préconisé mercredi un changement de paradigme dans la lutte contre le cancer, afin d’arriver à des résultats satisfaisants en combattant davantage l’ignorance entourant la maladie.
« Les gens ont peur de cette maladie parce qu’ils ne la connaissent pas. L’ignorance revient tout le temps. On doit tous dire stop pour revoir la bonne formule. Nous avons pris la mauvaise formule. Cette maladie ne cesse de grimper », a-t-il déclaré.
M. Diarra prenait part au lancement de la campagne « Octobre rose », organisée par l’ONG Action femme enfant contre le cancer (AFEC).
Le cancer est une maladie comme toutes les autres, selon le docteur Diarra. « Précocement détecté, le cancer est curable. Nous sommes assez bien outillés actuellement. La médecine a énormément avancé […] », a assuré le praticien. Le cancérologue suggère de traduire le mot cancer dans plusieurs langues, pour amoindrir l’ignorance entourant cette maladie. Il fait valoir que « lorsqu’une maladie est comprise, sa gestion devient facile ». « Si vous demandez à une patiente que signifie le cancer, elle sera incapable de vous le dire. Ce qui fait que la réaction de la population devient la stigmatisation », qui conduit à considérer le cancer comme « une maladie dramatique ».
« Au Sénégal, nous n’avons plus peur de l’hypertension ou du diabète, parce qu’on a compris ce que c’est », a souligné Cheikh Tidiane Diarra, jugeant nécessaire de continuer à beaucoup parler du cancer dans la mesure où des cas sont de plus en plus recensés chez les jeunes. « Des cancers du vagin sont de plus en plus rencontrés en service. Nous voyons que des produits dangereux sont vendus sur les réseaux sociaux mais nous ne faisons rien. Ce qui fait de nous tous des coupables », a déploré le médecin.
Du fait de l’ignorance entourant le cancer, « le malade n’a même pas envie d’entendre les modes de traitement. Il fait plutôt confiance aux tradipraticiens et arrivent à un stade tardif à l’hôpital. Mais il ne faut pas baisser les bras”. « Les médecins sont incapables d’expliquer le cancer. Le seul message que les malades disent, c’est qu’il s’agit d’une maladie mortelle et chère. Or, pour qu’un combat puisse être gagnée, il faut avoir la conviction de pouvoir guérir », a insisté Cheikh Tidiane Diarra.
Mame Diarra Kébé, présidente de l’ONG AFEC, a pour sa part formulé le souhait de renforcer la prévention et le dépistage en particulier dans des zones éloignées. « Nous souhaitons faire des activités de dépistage sur tout le territoire national, ce qui nécessite l’acquisition d’un camion mammographie mobile. Ce camion est vital pour lutter contre les cancers. Nous lançons pour cela un appel au président de la République et à tous les acteurs privés comme publics », a-t-elle dit.
Siga Diop, conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, considère de son côté que le soutien de la famille est « le point faible » de la lutte contre le cancer. Elle a souligné la nécessité de disposer de plus de spécialistes, dont des psychologues par exemple, pour une meilleure prise en charge des patients. « J’invite à une synergie des actions entre toutes les organisations de la société civile. C’est cela qui nous rendra beaucoup plus fort », a-t-elle conclu, en pointant le volume de travail « trop important » des praticiens.
Avec APS




