ARRÊT DES CONSTRUCTIONS SUR LE LITTORAL ET LA CORNICHE : Les écologistes s’en réjouissent et invitent l’Etat à remettre de l’ordre
Des associations de défense de l’environnement apprécient l’arrêt de toutes les constructions sur le littoral, sur la corniche excepté les travaux d’aménagement entamés par l’Etat pour le public. Elles invitent les autorités à remettre de l’ordre afin de restituer les lieux d’usage public aux sénégalais.
Par Ousmane THIANE
La Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS) a pris une décision pour la préservation des côtes sénégalaises. Ainsi, tous les chantiers du littoral, s’étendant de la corniche Est à la corniche Ouest jusqu’à la bande des filaos, soit de Cap Manuel à Malika Plage, sont mis aux arrêts. Les travaux d’aménagement entamés par l’Etat pour le public sont toutefois exceptés.
Cette décision des autorités sénégalaise est bien accueillie par les écologistes. L’Association pour la Défense de l’Environnement et des Consommateurs (Adec) se félicite de cette démarche des nouvelles autorités. « C’est favorablement que nous avons accueilli cette mesure parce que nous considérons qu’il y a eu beaucoup d’abus à ce niveau.
De manière indue, certains, peut- être, de par leur position sociale ou politico-économique, ont pu bénéficier de surfaces assez importantes même si, par ailleurs, on peut considérer que c’est à vocation économique et que ce sont les Sénégalais qui bénéficieront de certaines retombées », a réagi au téléphone son président Maguette Fall.
Maguette Fall, ADEC : « Si c’est indûment que ces zones ont été octroyées à des personnes, que l’Etat casse ce qui a été construit illégalement »
Maguette Fall juge « inconcevable » que la majorité des sénégalais ne puisse accéder à certaines zones simplement parce que celles-ci ont été octroyées à de tierces personnes. « Ceci constitue une discrimination.
Le littoral, on en a besoin pour le repos, pour un certain nombre d’activités saines qui auront un effet sur la santé des populations. Mais, qu’on nous empêche d’en bénéficier, cela est tout à fait inacceptable », martèle-t-il. Le défenseur de l’environnement invite l’Etat du Sénégal à remettre de l’ordre, détruire s’il y a lieu et restituer ces lieux d’usage public aux sénégalais.
Il réclame des enquêtes approfondies pour pouvoir déterminer comment est-ce que ces zones ont été octroyées et au besoin, sévir si cela n’était pas fait dans les règles. « Nous pensons que l’Etat est tout à fait fondé à mener des investigations pour savoir comment est-ce que ces zones ont été octroyées à d’autres sénégalais ou des étrangers.
Si c’est indûment que ces zones-là ont été octroyées à des personnes, que l‘Etat agisse. Que l’Etat, au besoin, casse ce qui a été construit illégalement à ce niveau-là pour donner raison aux sénégalais. Ce combat date d’assez longtemps. Nous avons toujours considéré que ce pays a besoin de développement mais, qu’en la matière tout ce qui se fait à ce niveau-là puisse se faire dans les normes et qu’aucun préjudice ne puisse être porté à la majorité des sénégalais », lance-t-il.
Mamadou Lamine Diagne, AJE : « C’est une démarche prudente. L’Etat doit revisiter le projet de loi sur le littoral »
L’Action pour la justice environnementale (Aje), elle, se réjouit de l’arrêt des travaux en cours sur le littoral. Le directeur exécutif Mamadou Lamine Diagne parle de « démarche prudente ». Cette association qui œuvre pour la sauvegarde des intérêts écologiques des communautés par le biais de leur autonomisation juridique incite les autorités étatiques « à revisiter le projet de loi sur le littoral en gestation depuis près d’une décennie qui offre de bonnes perspectives en termes de protection des côtes sénégalaises ».
« L’AJE réaffirme son engagement auprès des communautés agressées dans leur environnement et appelle à la mobilisation tous les citoyens épris de justice environnementale », ajoute M. Diagne.