AUTORITE PARENTALE PARTAGEE : Le plaidoyer d’Alice Djiba de l’Association des femmes des médias du Sénégal
Alice Djiba, Secrétaire générale de l’Association des femmes des médias du Sénégal demande la révision du Code de la Famille pour une ‘‘autorité parentale partagée’’.
Par Ousmane THIANE
Au Sénégal, en cas de divorce, la femme ne peut pas voyager avec son enfant sans l’autorisation du père. Alice Djiba de l’Association des femmes des médias du Sénégal (Afms) pointe les insuffisances du Code de la Famille, modifié en 1972. La journaliste spécialiste en genre et médias fait partie de ceux qui luttent pour une autorité parentale partagée. Une initiative qui a commencé à germer et qui a pris de l’ampleur en ce mois de mars, qui célèbre les droits de la Femme. « Je fais partie de ceux-là qui ont longtemps milité pour l’article 278 du Code de la famille relatif à l’autorité parentale, l’article 196 relatif à la recherche de paternité entre autres articles du Code de la Famille.
C’est une initiative qui vient se joindre aux autres initiatives qui étaient déjà là et des organisations ont travaillé sur cet argumentaire pour qu’on puisse avoir la garde partagée, ou pour qu’on puisse avoir cette autorité parentale partagée parce que les femmes divorcées peinent à avoir des actes administratifs. Elles peinent aujourd’hui à voyager avec leurs enfants. Donc c’est une initiative qui vient se joindre à cet effort-là qu’on est en train de faire depuis des années », confie-t-il.
« Il y a des articles discriminatoires dans le Code de la Famille qu’il va falloir réviser »
Alice Djiba estime que le Code de la Famille comporte des ‘‘articles discriminatoires’’. Leur objectif consiste ainsi à promouvoir l’idée que les responsabilités parentales devraient être partagées de manière équitable. « Ce que nous demandons c’est très simple, c’est une révision du Code de la Famille, qui, je le rappelle date de 1972. Le monde a évolué entre temps. Il y a des articles discriminatoires dans ce Code de la Famille qu’il va falloir réviser et l’article 278 en fait partie. Il faut qu’aujourd’hui qu’une femme puisse avoir les mêmes droits qu’un homme sur son enfant.
L’article 278 doit être révisé. L’article 196 relatif à la recherche de la paternité même chose. L’article 116 relatif à l’âge du mariage également. Beaucoup d’article qui sont dans le Code de la Famille et qui ne donnent pas les pleins pouvoirs aussi bien aux hommes qu’aux femmes », souligne-t-elle.
Pour elle, cette puissance paternelle n’est pas sans conséquence. Beaucoup de femmes et d’enfants en souffrent. « Combien de femmes et d’enfants sont impactées parce qu’un homme a décidé de ne pas donner une autorisation que lui donne la loi ? C’est pourquoi on dit qu’il est temps que cela cesse, que ça soit révisé et il faudrait que les autorités puissent prendre leurs responsabilités pour que cette loi-là soit révisée », argue la fondatrice de la plateforme InfoElles.org.
« Mettre en place un argumentaire qui puisse convaincre »
Alice Djiba est d’avis que pour remporter la bataille, les femmes ne doivent pas adopter une position défensive. Loin s’en faut ! « Je fais partie de ces personnes-là qui pensent que les combats on les gagne avec des soft skills, on les gagne pas en étant sur la défensive mais en mettant en place un argumentaire qui puisse convaincre. Et je pense que cet argumentaire est valable c’est-à-dire vous êtes une femme, vous êtes deux à faire un enfant et qu’un seul parent ait tous les pouvoirs, je pense que c’est un argumentaire qui est valable », balise-t-elle la voie tout en invitant les femmes à poursuivre le combat qu’importe le temps qu’il prendra et les sacrifices que cela nécessite. « On ne doit pas lâcher prise. S’il va falloir qu’on y passe un an, deux jours, 5 ans, le temps que ça prendra on va le faire (…) On ne dit pas qu’on va aller au fond mais on fera tout pour que ces articles visés soient révisés. On va mobilier tous les moyens à notre dispositions. Si on doit faire des plaidoyers communautaires, religieux entres autres, s’il va falloir faire des actions de terrain, on les fera parce que les enfants et les femmes ont trop souffert », dira-t-elle avant d’ajouter : « J’aime cette dynamique qui est là. Si chaque mois de mars on peut se mobiliser pour prendre une thématique, la défendre, défendre ces droits-là, pour que ça participe à cet effort qui est là, ça va nous permettre de faire de grands pas. Chaque année, on va faire un pas en avant et ce sera juste magnifique pour les droits des femmes et des filles ».