BABY-BOOM DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES : 1 075 grossesses enregistrées en 2020
Dans le secteur de l’éducation, les grossesses d’élèves sont facteurs d’échec et de déperdition scolaire et constituent des obstacles majeurs à l’épanouissement et à l’autonomisation des filles. Aussi, il est constaté qu’en milieu scolaire, la disponibilité, l’accès et l’utilisation des services de santé sont très limités, pour diverses raisons.
Par Idrissa NIASSY
Bien qu’une baisse des cas de grossesses enregistrées dans les établissements scolaires ait été constatée en 2020 par rapport à 2019, où 1 321 cas de grossesses ont été numérotées entre 12 et 19 ans en cette période, mais l’année 2020 a néanmoins resté chaude, selon une étude du Geep réalisée en 2020. Car, 1 075 cas de grossesses ont été enregistrées durant cette année dans 484 établissements scolaires du Sénégal contre 563 en 2019. Selon Fatou Diop, cheffe de projet à Marie Stopes Sénégal, une branche de Marie Stopes international (Msi), cette baisse a été enregistrée dans les académies de Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kédougou, Kolda, Matam, Tambacounda, Thiès et Ziguinchor.
« Par contre une hausse a été notée à Pikine/Guédiawaye, Rufisque, Diourbel, Louga et Saint-Louis », a-t-elle fait savoir. Pour elle, 76,56 % des cas de grossesses sont intervenus entre 13 et 18 ans. Le pourcentage de cas intervenus entre 13 et 15 est de 23,91 %. C’est à Kaolack que l’on note le taux le plus élevé de cas de grossesses intervenus à cet âge avec 46,30 %. Il est suivi par Kédougou 42,50 %, Ziguinchor avec 40%. « Dans la capitale du Sud, les grossesses ont migré du lycée au collège », a-t-elle constaté.
Elle faisait une présentation le mercredi 03 avril 2024, en marge de l’atelier de consolidation avec les journalistes membres de l’Ajspd sur la santé de la reproduction et Planification familiale où le Sénégal s’est engagé, à l’instar de la communauté internationale, à l’atteinte des Objectifs de Développement durable (Odd) de 2030. Il entre dans le cadre de la gestion des informations dans les interventions en santé reproductive pour amplifier la voix par rapport aux problématiques de la Sr qui touchent le pays afin de faciliter l’accès à l’information, aux produits et aux services Sr /Pf de qualité qui constituent un gage de pérennisation de ces interventions. Même si de grandes avancées ont été notées avec la mise en œuvre du Ps Srmnia 2016 2020, toute fois la problématique de la planification familiale persiste. Parce que, durant les interventions de Msi principalement dans les zones les plus affectées par le changement climatique, il est constaté que beaucoup de femmes rencontrées ont des besoins en Sr /Pf non satisfaits.
Alors que, l’accès aux services de planification familiale, peut aider les communautés qui ont subi les conséquences du changement climatique et dont les moyens de subsistance sont menacés à devenir plus sains et plus résistants.
Avortements clandestins, 5ème cause de décès chez les femmes
Au Sénégal, Malgré la législation fortement répressive du pays (Article 305 et 305 bis du code pénal Sénégalais), l’avortement est devenu une problématique. Selon les estimations de l’institut Guttmacher, 51 000 avortements ont été provoqués au Sénégal en 2012, soit un taux de 17 avortements pour 1 000 femmes âgées de 15 à 44 ans.
La plupart des avortements ont été pratiqués clandestinement. Ce qui amène les avortements clandestins à devenir la 5ème cause de décès chez les femmes en âge de procréer. Toutefois, à Dakar et sa très populeuse banlieue, le taux d’avortement reste le plus élevé que dans le reste du pays (21 par rapport à 16 pour 1000). « Il est important de noter que les avortements clandestins constituent la 5ème cause des décès de femmes et 8% du taux de mortalité maternelle », a fait savoir la cheffe de projet à Msi Sénégal.
D’après elle, ils sont souvent accompagnés de complications telles que : des hémorragies (représentent 50 % des admissions en urgence, 32 % en 2019 des 143 décès notifiés et 37% en 2020 des 220 décès « Rapport sur la Mm/Dhis 2 »), des infections et des perforations utérines.
Selon Fatou Diop, « toutes ces complications mettent la vie de la femme en danger » et peuvent provoquer des séquelles à long terme, voir des décès. C’est pourquoi, dans le cadre de sa stratégie 2030, Msi a décidé de travailler avec toutes les parties prenantes pour ne laisser personne de côté dans toutes ses interventions.