CANCER DU FOIE : Les jeunes du bassin arachidier en danger
Dans le Bassin arachidier situé dans la région naturelle du Sine-Saloum (Kaolack, Fatick et Kaffrine) beaucoup de jeunes présentent des cirrhoses, c’est-à-dire des cancers du foie. Mais, cela est dû pour la plupart au taux de prévalence assez élevé de l’hépatite B dans cette partie du Sénégal, d’où la nécessité d’un programme ardu de dépistage et de prévention.
Par Idrissa NIASSY
La Région de Kaolack, où provient la majeure partie de la production arachidière du Sénégal, est confrontée à d’énormes problèmes de santé humaine. Cette arachide, une fois contaminé par les aflatoxines qui sont des substances cancérogènes avérées peuvent être sources de cirrhoses chez l’homme. C’est ce qui est à l’origine du taux du nombre important de jeunes qui présentent des cirrhoses dans cette partie du pays, c’est-à-dire des cancers du foie.
Selon Dr Karim Diop, Secrétaire général de 3 Cap-Santé, au niveau des hospitalisations en interne à Kaolack, beaucoup de jeunes présentent des cirrhoses. «À Kaolack, au niveau des hospitalisations en interne, il y a beaucoup de jeunes malheureusement qui présentent des cirrhoses, c’est-à-dire des cancers du foie», a-t-il fait savoir.
Pour sauver la face, d’après lui, le nouveau régime du Sénégal doit mettre en place un «programme ardu de dépistage, de prévention et de vaccination des enfants à la naissance» dans cette région qui constitue le Bassin arachidier qui n’est rien d’autre que la région naturelle du Sine-Saloum (Kaolack, Fatick et Kaffrine).
Dans cette partie du pays, annonce-t-il, le taux de prévalence de l’hépatite B dont ses troubles causent la cirrhose chez les enfants est de 10 %. « Dans cette partie du pays, 1 Sénégalais sur 10 est atteint de l’hépatite B », a fait savoir Dr Karim Diop. Et cela est justifiée par des dépistages qu’ils avaient faits dans cette région en ce mois et qui ont démontré que les dépistages correspondent à ça. Il s’exprimait samedi dernier en marge de la célébration de la Journée mondiale de la santé. Axée sur le thème : « Notre santé, nos droits», cette Journée tenue sous forme de panel, a permis aux organisations de femmes, de jeunes, de personnes vivant avec un handicap, de personnes âgées, de partager leurs difficultés liées à l’accès à la santé.
Mais aussi, c’était une occasion pour l’Agence de la Couverture maladie universelle (Cmu) de présenter les politiques d’accès à la santé et pour le Cadre de concertation, de coordination et d’actions de plaidoyer de la société civile pour la santé au Sénégal (3Cap-Santé) de faire un bilan des résultats enregistrés un an après le lancement officiel de ses activités en avril 2023.
« Nous avons un an d’existence avec un bilan positif. On n’a pas fait beaucoup d’activités, mais nous avons pu mobiliser des ressources auprès de partenaires à deux reprises, ce qui montre sa vitalité. Nous avons pu disposer de tous les documents qu’une grande organisation doit avoir ; à savoir un plan stratégique, un plan de suivi évaluation, un manuel de procédure », a-t-il fait savoir.
Avant d’ajouter : « en plus d’une stratégie de communication, un plan de mobilisation de ressources, nous avons pu développer un programme de sensibilisation et de plaidoyer auprès du ministère de la Santé et auprès d’élus locaux. Nous avons également pu développer des comités régionaux qui permettent de fédérer l’ensemble des acteurs de la société civile pour mener des activités ».
Pour lui, comme l’État ne peut pas tout faire, c’est aux Organisations de la société civile de rappeler aux uns et aux autres leur rôle premier dans le cadre de la santé. « À l’issu de ce panel, nous allons faire une note conceptuelle que nous allons déposer sur la table des autorités avec des recommandations pour dire comment les accompagner. Parce qu’au finish, nous allons dans le même sens qui est de proposer aux sénégalais un meilleur cadre de vie, une meilleure santé », a-t-il conclu.
Mamadou Selly Ly, Directeur juridique et partenariat Sen-Csu faisant une présentation sur « les défis de la Csu pour l’accès aux soins», a fait savoir que la situation de l’accès aux soins, les dépenses de santé, ne sont pas supportables pour les Sénégalais. « 38 % des Sénégalais sont pauvres et le coût des soins de santé est trop élevé par rapport à leurs revenus », note-t-il.
Pour ces populations pauvres, les ressources en moyenne sont de 42 000 F Cfa. Abondant dans le même sens, Dr Farba Lamine Sall, prenant la parole, a indiqué que, si tout le monde tombe malade, même si les soins sont gratuits, il est impossible de soigner. C’est pourquoi, il appelle à ce qu’il y ait le moins de malades possibles, ce qui représente un défi. « Il faut réduire le nombre de maladies pour pouvoir mieux lutter contre les maladies », a-t-il plaidé.
Et d’indiquer que nous disposons d’un « ministère de soins, de la maladie », selon les montants alloués aux soins de santé primaire, à la prévention. « Tant que nous serons un ministère des soins, nous ne serons pas en sécurité», a-t-il souligné.
Pour lui, il faut «soigner mieux en soignant moins de personnes ». Pour lui, l’alliance du ministère de la Santé et celui des Transports va réduire considérablement le nombre de malades. C’est pourquoi, il invite des ministères, comme ceux de l’Environnement de l’Eau et du Sport à œuvrer pour la multisectorialité afin de continuer à faire baisser le nombre de malades. « Que chaque ministère joue son rôle dans la réduction de la maladie », a-t-il conclu.