Affectant chaque année des milliers d’enfants à travers le monde, le Sénégal y compris, le cancer pédiatrique est une réalité. Dans ce pays, on estime entre 800 et 1 200 nouveaux cas de cancers de l’enfant chaque année, mais la prise en charge est jugée faible.
Par Idrissa NIASSY
Au Sénégal sur les 1 200 nouveaux cas de cancers de l’enfant enregistrés chaque année, seuls environ 250 sont pris en charge à l’Unité d’oncopédiatrie de Dalal Jamm. Cette situation catastrophique a poussé le Sénégal non seulement de placer les cancers pédiatriques parmi les priorités de sa lutte contre cette maladie, mais de s’aligner à l’initiative mondiale contre le cancer de l’enfant, conduite par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) depuis à peu près cinq (5) ans (en 2021).
Selon le Dr Moustapha Barro, conseiller technique du ministre de la Santé et de l’Action Sociale, le Sénégal fait d’ailleurs partie des pays d’Afrique qui ont été choisi pour la mise en œuvre de cette initiative mondiale avec l’ambition d’atteindre un taux de survie d’au moins 60 % pour les enfants atteints de cancer d’ici 2030.
« C’est grâce à notre collaboration avec l’Oms et le Groupe franco-africain d’oncologie Pédiatrique (Gfaop), que nous avons enregistré des avancées concrètes ; notamment le développement d’un Réseau national de soins en oncopédiatrie, le renforcement de capacités des prestataires de santé sur la reconnaissance précoce des signes des cinq cancers de l’enfant les plus fréquent pour favoriser le diagnostic et le traitement, l’orientation et la mobilisation des acteurs communautaire pour une référence précoce », a-t-il fait valoir.
Dr Barro présidait hier la cérémonie de lancement officiel de la plateforme mondiale pour l’accès aux médicaments de l’enfant (Gpaccm), à l’occasion de la visite de courtoisie de la délégation. Cette plateforme mondiale fournit des traitements salvateurs aux enfants des pays à revenu faible et intermédiaire grâce à un engagement de 200 millions de dollars Us de l’hôpital St. Jude et ses partenaires pour la construction d’un approvisionnement durable en médicaments de qualité assurée sans frais atteignant 120 000 enfants d’ici 2028.
Il fournit également aux 12 pays participants à ce projet un approvisionnement ininterrompu en médicaments contre le cancer de l’enfant de qualité garantie, avec un soutien complet, depuis la sélection des formulations nécessaires et la quantification de la demande, jusqu’à l’acquisition, la distribution et le stockage des produits en toute sécurité, et l’administration des médicaments selon les meilleures normes de soins possibles.
Il a fait part, par ailleurs, que le Sénégal a mis en place une subvention pour la chimiothérapie, afin d’améliorer l’accessibilité. « L’intégration dans la plateforme Gpaccm vient renforcer cet engagement, en nous offrant l’opportunité d’assurer un accès durable à des médicaments essentiels de qualité, abordables, disponibles en quantité suffisante et sans interruption pour nos enfants », a-t-il déclaré. « La plateforme permettra aussi de renforcer notre chaine d’approvisionnement, d’appuyer les mécanismes de gouvernance pharmaceutique et d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles », ajoute-t-il.
Abondant dans le même sens, Dr Fatou Bintou Diagne, pédiatre-oncologue au niveau de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, a fait savoir que la prise en charge des cancers étant multidisciplinaire, l’établissement hospitalier a besoin du soutien des associations internationales, de la société civile, du ministère de la Santé à travers la gratuité des anticancéreux. Selon elle, la plupart des cancers pédiatriques sont des cancers guéris par la chimiothérapie.
« Pour certains cas de cancer, nous avons besoin d’une chirurgie complémentaire, rarement de la radiothérapie, mais quand même encore, pour certains cas car, jusque-là, des efforts ont été faits avec la division des maladies non transmissibles dans le diagnostic précoce, parce que ces cancers n’ont pas de facteur identifié dans leur genèse », a-t-elle expliqué. Avant d’ajouter : « pour les prévenir, il faut vraiment les diagnostiquer très tôt, les traiter très tôt, avec des médicaments disponibles de qualité, mais également sans rupture et un traitement complet dans la durée, parce que ce sont des traitements qui s’étalent entre 6 mois à 3 ans ».
Santiago Millan, Chef technique de la plateforme mondiale pour l’accès des médicaments contre les cancers infantiles de l’Oms à Genève, la distribution de ces médicaments de très haute qualité se fera de façon gratuite avec l’aide des partenaires, comme l’Unicef. «L’Oms supporte les pays avec nos trois niveaux. D’abord le bureau Oms au Sénégal, mais aussi avec le bureau Oms Afrique et aussi le bureau Oms à Genève », explique-t-il.
Selon lui, la sélection des 12 pays faisant partie de la plateforme, est le résultat de l’engagement du pays pendant des années dans l’amélioration de la situation du cancer infantile. « D’ici quelques années, nous comptons travailler avec 50 pays », a-t-il annoncé.
Une autre visite d’évaluation est prévue dans quelques semaines pour aider les responsables à identifier des actions afin de permettre aux pays de pouvoir recevoir les premiers médicaments de la plateforme dans le premier trimestre de 2026.