CONFERENCE PRESIDENTIELLE DE L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE : Macky Sall dénonce « un commerce mondial à forces inégales »
Macky Sall a dénoncé mercredi à l’OMC ce qu’il qualifie de « commerce mondial entre acteurs à forces
inégales ». Aussi, a-t-il plaidé pour une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale.
Par Ousmane THIANE
Le Chef de l’Etat, Macky Sall se mue en porte-voix des pays en développement. S’exprimant mercredi à
l’occasion de la conférence présidentielle de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur le thème : « Pour un commerce mondial inclusif et durable », le président de la République n’a pas mâché ses mots.
« Pour nous, pays en développement, l’enjeu du commerce mondial, entre acteurs à forces inégales, se pose surtout en termes d’équité, de justice et de respect du droit international. Pour que le commerce
mondial soit durable, il faut que chacun y trouve son compte », a-t-il lancé.
Le locataire du Palais a ainsi disséqué les maux qui entravent la durabilité du commerce mondial. « Le
commerce ne peut être durable quand ceux qui ont plus, gagnent toujours plus, et ceux qui ont moins,
perdent toujours plus. Le commerce ne peut être durable quand la libre circulation des personnes, des
biens et services, censée être régulée par les vertus de la loi du marché, est faussée par la loi du plus fort.
Le commerce ne peut être durable quand, par la guerre commerciale, des mesures nationales à effets
extraterritoriaux portent préjudice à des tierces parties. Le commerce ne peut être durable quand des subventions agricoles abusives violent les règles de concurrence loyale au détriment de millions de petits
producteurs », relève-t-il d’emblée.
« Le commerce ne peut être durable quand des pays développés, principaux pollueurs, continuent d’utiliser le charbon et interdisent le financement à l’étranger des sourcesd’énergie fossile, y compris le gaz, pourtant beaucoup moins polluant que le charbon. Ce n’est ni juste, ni équitable. Enfin, le commerce ne peut être durable quand, par des pratiques d’évasion ou de congés fiscaux abusifs, l’impôt n’est pas payé là où la richesse est créée. Je pense en particulier à l’industrie numérique et extractive », a-t-il ajouté saluant« l’Accord historique de l’OCDE d’octobre 2021, sur l’impôt minimum mondial de 15% ».
« L’équité et l’inclusion doivent rester au cœur de notre agenda »
Le président Macky Sall a, par ailleurs, plaidé pour la réforme de la gouvernance économique et financière
mondiale. « La vocation du système commercial international est de réguler les échanges au bénéfice
de tous. Si le système ne répond pas à sa raison d’être principale, il creuse les inégalités au lieu de les réduire ; il accentue les tensions au lieu de les apaiser ; il multiplie les contentieux au lieu de les résoudre ; il aggrave les risques de sa contestation et crée les conditions de sa remise en cause. Voilà pourquoi nous
plaidons pour la réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, afin qu’elle soit plus juste et plus inclusive », a-t-il déclaré.
Pour lui, après l’admission de l’Afrique au G20 et l’octroi au continent d’un 3 e siège au Conseil d’administration du FMI, l’heure doit être désormais à la poursuite des efforts pour la réforme de l’architecture financière internationale, y compris la Banque mondiale et le système de notation des Agences d’évaluation.
« Dans le même esprit, le Sénégal soutient les travaux de l’OMC sur les réformes institutionnelles visant à
améliorer l’efficacité du fonctionnement de ses organes. Un commerce mondial inclusif nécessite un système de règlement des différends opérationnel, transparent et accessible à tous les membres », dira-t-il ajoutant que « l’équité et l’inclusion doivent rester au cœur de notre agenda ».
« Un commerce mondial équitable offre à tous les pays des opportunités d’occuper leurs populations, jeunes et femmes en particulier, par la création d’emplois ou d’autres activités génératrices de revenus. A l’inverse, le commerce inégal exclut et marginalise la majorité des pays. Il les appauvrit et contribue à la circulation mal maitrisée de populations, y compris les flux de migration clandestine. C’est dire que le commerce inclusif et durable n’est pas seulement un idéal à atteindre, mais une nécessité et un intérêt commun.
Quand les pratiques sont saines, quand elles sont transparentes, justes et équitables, il doit y avoir de la
place pour tous, afin que le système commercial international et l’Organisation qui l’incarne gardent leur vocation première : celle de promouvoir les échanges économiques et commerciaux, de contribuer
au développement et de favoriser des relations pacifiques entre les nations », a-t-il défendu.