GESTION DES CRIMES EN MILIEU MARITIME : Investir dans les ressources humaines pour répondre aux cybermenaces
Dans le cadre du renforcement des capacités des officiers de la sous-région exerçant des missions de police judicaire dans le domaine maritime, l’Institut de sécurité maritime d’Abidjan (Ismi) organise, depuis hier et ce, jusqu’au 10 mai 2024, un stage de formation sur la cybercriminalité maritime. En partenariat avec le Centre national à vocation régionale de cybersécurité du Sénégal sise à l’École nationale d’administration (Ena), cette rencontre permettra d’inculquer aux officiers de police judiciaire les fondamentaux en matière de cybercriminalité.
Par Idrissa NIASSY
Le milieu maritime est confronté à de nouveaux risques notamment ceux liés à l’utilisation d’outils informatiques. Ce qui fait que les atteintes directes ou indirectes contre les systèmes de traitement automatisé de données des navires, des plateformes pétrolières ou des ports, font l’objet d’une préoccupation grandissante de la part de l’autorité maritime. Ainsi, pour faire face aux cyberattaques en milieu maritime, sur la navigation et même sur la vie humaine, il est impératif d’investir dans les ressources humaines pour renforcer la capacité à détecter, prévenir et répondre aux cybermenaces en milieu maritime.
Ce stage de formation sur la cybercriminalité maritime organisée par l’Institut de sécurité maritime d’Abidjan (Ismi), s’inscrit dans ce cadre. Elle est destinée aux officiers de la sous-région, exerçant des missions de police judicaire dans le domaine maritime ; L’atelier se tient du 06 au 10 mai 2024 à l’École nationale de Cybersécurité à vocation régionale (Enc-VRr) du Sénégal, sise à l’École nationale d’administration (Ena). Cette formation qui est délocalisée pour la quatrième fois à Dakar, a pour objectif majeur d’inculquer aux officiers de police judiciaire les fondamentaux en matière de cybercriminalité en vue de les outiller pour un meilleur traitement des infractions pénales relatives à ce domaine spécifique.
Selon le Colonel Abe Aké Lazare, Directeur général de l’Institut de sécurité maritime interrégional, cette formation regroupe 16 participants, tous officiers de police ayant des compétences maritimes. « Ils sont originaires du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Liberia, de la Sierra Leone et du Sénégal et ont été rigoureusement sélectionnés pour cette session approfondie à partir du contingent ayant initialement pris part à la session initiale qui avait eu lieu du 27 novembre au 1 er décembre 2023 », a-t-il fait savoir.
Cette formation s’inscrit également dans le cadre du Projet Safe Port consacré à la sécurité et à la sûreté portuaire. Elle est pilotée par l’Institut des Nations Unies pour l’étude et la recherche (Unitar). Pour le projet Safe Port, il est financé par le gouvernement allemand. « La problématique de la cybercriminalité mérite qu’on s’y attarde car, il y va de la protection de l’économie maritime africaine », a-t-il déclaré. Pour lui, comme les navires modernes sont devenus des environnements hautement connectés, exploitant la technologie pour optimiser leurs opérations et leur sécurité, ils méritent d’être protégés.
« La gestion de la scène de crime en milieu maritime est un élément essentiel de la cybersécurité dans le monde d’aujourd’hui. En reconnaissant son importance et en investissant dans sa capacité, nous pouvons mieux protéger nos océans, nos navires et nos infrastructures maritimes contre les menaces cybernétiques croissantes», a-t-il conclu.
Le représentant du Colonel Karim Coulibaly, Directeur général de l’Académie régionale des sciences et techniques de la mer (Arstm) d’Abidjan, prenant la parole, a fait valoir que l’objectif du stage, face à l’acuité croissante du phénomène, est de trouver les voies et moyens pour mettre fin aux risques encourus par les acteurs du shipping dans le golfe de Guinée, tout en prenant connaissance des réponses existantes ou à mettre en œuvre, notamment sur le plan politique, opérationnel et judiciaire. « L’Ismi permettra aux États du Golfe de Guinée de disposer du savoir-faire technique nécessaire à la promotion d’un espace maritime sûr, sécurisé, propre et durable au service de leur développement économique et humain », déclare-t-il.