Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’action, le Groupe pour l’étude et l’enseignement de la population (Geep), a organisé hier une rencontre de renforcement de capacités des membres des clubs Evf de Dakar-banlieue. En partenariat avec l’Unfpa, la formation axée sur l’éducation à la santé de la reproduction, les violences et les Mgf, est une occasion pour le Geep d’alerter sur les grossesses en milieu scolaire.
Par Dienka NIASSY
La Situation de la santé de la reproduction surtout les grossesses précoces chez les adolescentes en milieu scolaire reste toujours alarmante, bien que le taux diminue d’année en année. Sur les 1 321 cas de grossesse d’adolescentes âgées entre 12 et 19 ans enregistrés, selon un rapport du Groupe pour l’étude et l’enseignement de la population (Geep), la région de Sédhiou (sud du Sénégal) a battu le record de filles mères avec 198 grossesses recensées. Parmi ces grossesses, la classe d’âge de 16-18 es la plus touchées avec 80 cas de grossesse, suivie de près par celle de 13-15 ans avec 71 cas de grossesse. À la troisième position, vient la classe d’âge de 19 ans avec 47 cas de grossesse. Il y a quelques décennies les régions du Sud-est et du Sud (Tambacounda, Kédougou, Sédhiou, Kolda et Ziguinchor) étaient les plus touchées. Mais, depuis quelques années, il y a une inversion de la tendance avec la région de Thiès qui vient en deuxième position derrière Sédhiou avec un total de 172 cas de grossesse enregistrés durant cette même année. Le recensement couvre les cas de grossesse qui ont été constatés et relevés par les observatoires, du 15 octobre 2018 au 31 juillet 2019 et concerne 1 264 établissements publics (Cem et lycées) sur un total de 1 356 écoles, soit un taux de couverture de 93,12 % du réseau scolaire. Les établissements dont les cas de grossesse ont été recensés sont estimés à 563 soit à peu près un établissement sur deux. Selon Mamadou Élimane Kane, chargé de programme au niveau du Groupe pour l’étude et l’enseignement de la population, saisi sur le cas de Sédhiou, dira : «c’est parce que, c’est une nouvelle région créée en 2008. Et il y a des localités très enclavées qui ne sont pas au même niveau d’informations que les autres localités où la communication est très difficile». «Dès fois, il faut prendre la pirogue pour faire des séminaires de sensibilisation. Et on ne peut pas mener une telle activité sans passer par les chefs religieux. Or, certains d’entre eux sont très réticents sur les discours qui concernent la sexualité», ajoute. C’est pourquoi, il est nécessaire rappelle M. Kane, «de mettre en place des stratégies» pour démêler la santé de la reproduction surtout l’excision et la religion et sensibiliser les populations sur les risques liés à ce phénomène. Il s’exprimait en marge de l’atelier de renforcement de capacités des membres des clubs Evf de Dakar-banlieue sur l’éducation à la santé de la reproduction, les violences et les Mutilations génitales féminines (Mgf) qui se tient les 19 et 20 septembre 2023, à Dakar. Ces leaders élèves une fois formés, vont sensibiliser à leur tour les autres camarades. «Ils sont aussi des relais pour parler aux parents surtout sur les violences basées sur le genre, l’excision, jusqu’au mariages précoces», a-t-il fait savoir. Il s’agit aussi de renforcer la capacité des professeurs pour essayer de prendre en charge ces questions qui ne sont pas traités par les écoles. D’autant plus qu’aujourd’hui l’école n’est plus un cadre de vie assez sûr surtout en milieu rural où les élèves prennent souvent des risques pour aller à l’école avec les viols qui se multiplient. Et aujourd’hui avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication notamment les réseaux sociaux aussi bien les professeurs que les élèves ne restent plus dans les cours de l’école pour parler des questions qui interpellent les jeunes.
L’Observatoire des grossesses précoces à l’école a vu le jour en 2014. Et chaque année, c’est 1 871 cas de grossesses qui ont été recensés dans les collèges et lycées du Sénégal. Si on fait la radioscopie des chiffres qui est quand-même alarmante, même si on se rend compte que la plupart des filles sont mariées très tôt et que le mariage précoce est un obstacle pour terminer les études, on sait qu’il y a des régions où il faut que tous les acteurs agissent l’Etat, la société, les partenaires, pour essayer de diminuer cette violence qui s’abat sur les élèves.