Par Idrissa NIASSY
Pour rendre hommage aux acteurs communautaires constitués d’hommes et de femmes qui, chaque jour, œuvrent dans l’ombre pour la santé et le bien-être des communautés, une Journée nationale leur sera consacrée le 30 mai prochain. Cette Journée dédiée aux acteurs communautaires est aussi une occasion pour rappeler l’urgence d’investir durablement dans leurs carrières. Ces derniers jouent un rôle déterminant dans le système de santé. Présents sur le terrain, proches des populations, ils interviennent dans la prévention, la sensibilisation, la détection précoce et l’accompagnement des cas. Leur action est particulièrement vitale face aux épidémies émergentes et aux maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou la tuberculose, qui frappent de plus en plus durement nos communautés. Pour ne pas dire qu’ils sont essentiels à la santé communautaire.
Toutefois, des études ont démontré qu’investir dans la santé communautaire rapporte dix fois la mise initiale, en termes de vies sauvées, de crises évitées et de gains économiques. Pourtant, la majorité des financements, près de 60 % en Afrique subsaharienne, sont issus de partenaires extérieurs et orientés vers des programmes verticaux, sans réel soutien à long terme au renforcement du système communautaire. Ce qui fait, qu’il est temps pour l’État du Sénégal de jouer son rôle, de prendre le leadership et de garantir un financement stable, équitable et durable de ces acteurs clés. «Cela nécessite un changement de cap politique, une réallocation intelligente des ressources et la reconnaissance formelle de la professionnalisation des acteurs communautaires dans le système de santé», a fait savoir Baytir Samba, président du Réseau des organisations communautaires de base, des acteurs de santé (Rocbacs).
Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), en 2022, plus de 14 millions d’enfants n’étaient pas vaccinés et 13,7 millions souffraient d’émaciation sévère. Grâce aux acteurs communautaires, ces enfants peuvent être atteints et pris en charge à temps. Si les interventions communautaires atteignaient 90 % des enfants concernés, la mortalité infanto-juvénile pourrait diminuer d’un tiers dans les pays les plus touchés. C’est pourquoi, il appelle à l’action collective. «Investir dans les carrières des acteurs communautaires, c’est investir dans la santé, la résilience, et le développement du Sénégal», a-t-il dit. Avant de conclure : «en cette journée nationale, nous lançons un appel fort : reconnaissons, valorisons et professionnalisons ces acteurs, sans qui aucun système de santé ne peut prétendre être véritablement efficace. Leur engagement est la clef de notre avenir commun».