RENCONTRE AVEC LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : L’audience qui divise les candidats « spoliés »
Par Dieynaba TANDIANG
A quoi s’attendaient les candidats « spoliés » quand ils ont adressé une correspondance au Président de la République ? L’on est bien tenté de se poser la question vu la réaction des uns et des autres quand le Chef de l’Etat, par ailleurs, Président du Conseil Supérieur de la Magistrature a décidé de leur accorder une audience. Oui une audience qui divise ce collectif en deux camp : ceux qui ont décidé d’y aller d’une part et ceux qui se disent ne pas être intéressé, à l’instar de Mimi Touré, Bougane Guèye, Cheikh Abdou Bara Doly et le Dr Abdourahmane Diouf. Parmi ces derniers, on constate un certain tiraillement quand Abdou Bara Doly considère la sortie d’Aminata Touré sur les réseaux sociaux comme « inélégant ».
Bref, quel est l’opportunité même d’une telle rencontre étant donné que le coup de sifflet sera donné dans environ une semaine. En effet, à près d’une semaine du démarrage de la campagne électorale, qu’est-ce qui peut bien sortir de ce tête-à-tête entre Macky Sall et les candidats recalés ?
S’attendent-ils à ce que le Chef de l’Etat use de son pouvoir et décide de reporter la présidentielle pour leur donner une deuxième chance ? Si tel est le cas, il y a un paradoxe. Si cette opposition qui crie nuit et jour que Macky Sall a une mainmise sur la justice de ce pays, s’attend à ce que celui-ci intervienne d’une quelconque manière dans le processus électoral, elle serait en total contradiction avec ses principes.
Même les observateurs les plus avertis ne voient pas l’opportunité d’une telle rencontre entre l’opposition
« spoliée » de ses parrains et le Président Macky Sall. C’est le cas de Valdiodio Ndiaye, acteur de la Société
civile. Interrogé par nos confrères de la Tfm, il déclare : « il est assez préoccupant. Je ne vois pas par quelle manière, si cette discussion aboutit, elle sera de nature à remettre en question la décision du Conseil Constitutionnel, je ne vois pas de quelle manière ça peut ne pas impacter un report ou un léger report de l’élection présidentielle ». Cependant pense ce membre de la Société Civile sénégalaise, « si on reporte l’élection présidentielle cela veut dire que le président Macky Sall, à la date du 02 avril, ne va pas passer la main ». Dans le même sillage, le Pr Ady Ba, chercheur à la Fastef, soutient pour sa part que « le Chef de l’Etat est certes le gardien de la Constitution, le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature mais, depuis deux ans ce qu’on dit c’est qu’il nous faut des élections transparentes, un processus qui respecte les règles et on a eu un processus dans lequel on a désigné des candidats et certains ont participés à ce processus et ont été recalés ». « Donc, s’interroge-t-il, aller invoquer l’aval du Président ou
demander au Président de les recevoir, qu’est ce qui peut en sortir ? ». Selon lui, si le Président décidait d’arrêter tout le processus, on plongerait le pays dans « un chaos, parce que des gens n’ont pas su avoir des parrainages ». « Ça je trouve que c’est extrêmement grave », lâche-t-il.
Pendant ce temps, les commentaires vont bon train, mais pour l’opinion, un report de la présidentielle est
impensable à ce stade du processus électorale.