RENFORCEMENT DES POUVOIRS DU PREMIER MINISTRE : Pari risqué pour le Président Bassirou Faye ?
Le Président Bassirou Diomaye Faye prend-t-il des risques en demandant le renforcement des pouvoirs du Premier Ministre. Le journaliste analyste politique Babacar Dione s’est épanché sur la question. Il était l’invité de notre confrère Fabrice Nguéma à la SenTv ce dimanche.
Par Dieynaba TANDIANG
Le renforcement des pouvoirs du Premier Ministre ne peut en aucun cas le mettre au même niveau que le Président de la République. C’est du moins, ce que pense Babacar Dione, journaliste analyste politique. Il était l’invité hier, de Fabrice Nguéma sur la SenTv. « Si tel est le cas, ça serait un fait nouveau », dixit M. Dione.
Selon lui, « depuis le début des indépendances, les Sénégalais ont eu peur d’une dualité au sommet de l’Etat. Mamadou Dia, président du Conseil des Ministres et Senghor président de la république n’avaient pas autant de pouvoir que le Premier Ministre. Les gens ont même suspecté une certaine jalousie de Senghor qui s’était dit à un moment donné qu’il fallait qu’il joue un certain rôle, il a enlevé Mamadou Dia de son poste de Premier Ministre. Et depuis, il n’y avait plus de Premier Ministre au Sénégal jusqu’en 1970 », rappelle Babacar Dione.
Selon lui, le Premier Ministre est un écran qui peut aider le Président de la République. « Quand Macky Sall a enlevé le poste de Premier Ministre, il faisait directement l’objet d’attaques. Mais, à un certain moment, les gens lui ont demandé de restaurer le poste pour avoir cet écran qui peut le sauver de certaines attaques. Comme Ousmane Sonko l’a bien dit quand il a été nommé Premier Ministre : ‘’je coordonne la politique du gouvernement’’ ».
Evoquant le trop plein de pouvoir du Chef de l’Etat, le directeur de publication de Lii quotidien estime que celui-ci peut toujours les décentraliser. « Mais le donner à une autre personnalité de l’Etat
peut poser problème », prévient-il.
Pour Babacar Dione, le fait d’enlever un partie des pouvoirs du Président Bassirou Diomaye Faye et le donner à Ousmane Sonko peut créer une dualité au sommet de l’Etat. Cependant, dit-il, « si la constitution était respectée, on n’en arriverait pas là.
Au Sénégal, on a un pouvoir législatif, on a un pouvoir judiciaire et l’exécutif. S’il y avait effectivement cette distinction, si chacun jouait son rôle, il n’y aurait pas eu de problème. Tant qu’il y a cette distinction entre les pouvoirs et que ces institutions restent fortes, on pourrait avoir des pouvoir équilibrés », explique-t-il. Il souligne, par ailleurs, « quand je parle de dualité, dans le cas présent, comme c’est au niveau du parti.
Par exemple, c’est le parti qui investit les députés par exemple aux prochaines législatives. Ces députés, une fois élus, vont dépendre de Ousmane Sonko. Bassirou Diomaye Faye s’étant délesté du parti va rester à l’écart de la campagne et c’est Ousmane Sonko, un homme politique qui va continuer à jouer son rôle. Si jamais on continue à avoir cette prédominance d’un parti politique à l’Assemblée nationale, on aura un homme très puissant qui va contrôler l’Assemblée Nationale ; notamment Ousmane Sonko. Les députés seront sous la tutelle d’un Premier Ministre qui va gérer l’appareil politique. Tant qu’il n’y a pas de malentendus ça va, mais s’il y a un malentendu, les problèmes surgiront ».
Pour M. Dione, tant que Ousmane Sonko accepte le fait que Diomaye s’est émancipé il n’y aura pas de problème. « Parce qu’il faut le dire, Ousmane Sonko était à la pointe du combat, il doit accepter que c’est Diomaye qui est
élu et va se ranger derrière, tant qu’il n’y a pas de calculs, il n’y aura pas de problème », affirme le journalisteanalyste politique.
Lors du premier Conseil des Ministres du gouvernement Diomaye, le mardi 09 avril dernier, le Chef de l’Etat nouvellement élu a demandé à ses collaborateurs de soumettre à l’Assemblée Nationale une proposition de loi en vue d’augmenter les pouvoirs du Premier Ministre.