PR MASSENE SENE, ENSEIGNANT-CHERCHEUR, ANCIEN DU MINISTERE DE LA CULTURE : « Le Chef de l’Etat doit être le protecteur du Patrimoine »
L’enseignant-chercheur Pr Massène Sène souligne la nécessité pour le Président de la République d’être le « protecteur du patrimoine » au même titre qu’il l’est pour les Arts et les Lettres.
Par Ousmane THIANE, envoyé spécial à Fatick
Pr Massène Sène plaide pour une harmonisation du Patrimoine avec nos réalités. Pour l’enseignant chercheur, ce processus passe inéluctablement par la prise en compte des éléments les plus valorisants de notre patrimoine et de les intégrer dans le système de formation de l’individu. « Si nous avons des défis à relever, c’est de faire en sorte que notre patrimoine soit un peu plus en harmonie avec nos propres réalités culturelles. C’est la prise en compte de notre héritage des deux grands empires au moins en Afrique de l’Ouest : l’empire du Ghana et celui du Mali. Avec l’empire du Mali, nous nous retrouvons avec un repère fort : la charte de Kurukan Fuga. Dans cette charte, nous avons au moins des repères capitaux sur la construction de la cohésion sociale, cette fameuse parenté à plaisanterie ; c’est la prise en compte de notre appartenance à un ensemble et environnement que ce soit la nature et autres », a-t-il prôné hier lors d’un colloque sur le thème : « les politiques culturelles au Sénégal, défis et acquis » organisé à Fimela en marge de la 12e édition du Festival national des arts et de la culture (Fesnac 2024 à Fatick).
A l’en croire, en plus d’être le premier protecteur des Arts et des Lettres, le Président de la République devrait aussi l’être pour le Patrimoine. « Je souhaite que la Constitution fasse aboutir la réflexion sur les principaux problèmes. Le patrimoine local communautaire sénégalo-sénégalais est insuffisamment pris en charge parce que l’essentiel des dispositions pratiques arrêtées sur le patrimoine concerne le patrimoine
coloniale hérité de nos relations avec l’occident. Il est bon qu’on fasse évoluer les dispositions pratiques et qu’au besoin de la même manière que le Chef de l’Etat est le protecteur des Arts et des Lettres, est le protecteur des artistes, le patrimoine puisse avoir une protection aussi institutionnelle que celle du Président de la République. Sinon ça reste une espèce de vœux pieux entre les uns et les autres et chacun y met sa vision selon son gré », indique-t-il.
Pr Massène Sène précise que « le véritable protecteur du patrimoine, c’est le peuple ». Il a par ailleurs déploré « l’absence de références concrètes à certaines réalités pratiques culturelles dans notre pays dans les programmes de l’école primaire à l’université ».