VENTE AUX ENCHÈRES DE LA BIBLIOTHÈQUE DE SENGHOR : Le Sénégal se porte acquéreur de plus de 300 livres du premier président
Par Idrissa NIASSY
La vente aux enchères de la bibliothèque du premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, qui devait se tenir hier mardi en France est reportée. L’Etat Sénégalais est passé par là. Il souhaite acheter ce patrimoine pour l’exposer au sein d’un musée consacré uniquement à l’ancien et premier chef d’État sénégalais. Il s’agit précisément de 344 ouvrages divisés en 194 lots de la bibliothèque que l’État du Sénégal veut négocier directement avec les héritiers afin de faire stopper la vente.
Selon l’ambassadeur du Sénégal en France El Hadj Magatte Seye, au-delà de ce patrimoine-là, « nous estimons que Senghor lui-même est un patrimoine: un patrimoine sénégalais, un patrimoine africain, un patrimoine universel. Éviter qu’il y ait une dispersion était essentiel ». C’est pourquoi, souligne-t-il, « le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a donné ces instructions, avec bien sûr le soutien des autorités françaises, ce qui a permis aujourd’hui, de surseoir cette vente pour permettre à l’État du Sénégal de négocier l’acquisition des ouvrages de la bibliothèque du président Senghor ».
Cette bibliothèque est riche d’ouvrages rares. Certains, comme par exemple Paroles de Jacques Prévert, Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire, sont dédicacés par leurs auteurs.
L’État du Sénégal a ainsi acquis pour 240 000 euros des objets de Léopold Sédar Senghor. Des médailles, des décorations officielles, stylos plumes : 41 pièces ont rejoint les collections de l’État sénégalais. « L’ambition de l’État sénégalais est donc d’acheter la collection de livres et de venir compléter ce patrimoine pour créer un musée dédié à l’œuvre et à la vie de Léopold Sédar Senghor », a- t-il indiqué. Avant d’ajouter : « l’objectif est de pouvoir exposer tout ce patrimoine qui a appartenu au président Senghor, dans un musée ».
Dans le contexte mondial que nous vivons, l’ambassadeur du Sénégal en France croit que là où il y a beaucoup de stigmatisation, où il y a une montée des communautarismes, « celui qui a théorisé la civilisation de l’universel, le rendez-vous du donner et du recevoir, mérite qu’on revisite son œuvre ». Pour ce dernier, c’est aujourd’hui la direction vers laquelle le Sénégal va avec l’acquisition de tout ce patrimoine ayant appartenu au président Senghor.